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Les femmes de la bière

Les femmes de la bière

Publié par Armand Heitz le

Aujourd’hui, alors que nous avons perdu de vue nos besoins primaires et que nous cherchons l’accomplissement dans une consommation à laquelle nous pouvons nous identifier, qui justifie notre statut autoproclamé, les marques en profitent. À l’heure de la 8ème extinction, nous consommons du Veuve Clicquot pour montrer que nous en avons les moyens et de la bière craft pour montrer qu’on est dans l’air du temps. De la même manière, l’industrie de l’alcool cible les genres en s’appuyant sur des clichés grossiers, mais qui marchent. Mettez du rose sur votre bouteille et des arômes de fruits dedans et boum, ce sera une boisson pour les femmes. Ce marketing déconnecté de toute réalité s’appuie sur une pseudo tradition masculine de l’alcool que je vais ici tenter de déconstruire en prenant comme exemple l’histoire de l’industrie brassicole.

La bière, cette boisson masculine et barbare par essence… Et si je vous disais que jusqu’à ce que les moines au Moyen-Âge prennent la main sur la tradition brassicole, il n’y avait quasiment que des brasseuses ? Et que pendant l’Antiquité, les plus grands buveurs de bière en occident étaient des buveuses ?

la biere et les femmes en egypte

Depuis 14 000 ans et la découverte de la bière, et jusqu’au Moyen-Âge, la bière était un produit fait par des femmes et bien souvent pour les femmes. Et ce jusqu’à ce que l’église prenne la main sur le business, sauvegarde et impose certaines traditions au passage. Si l’on fait le calcul, la bière est donc « masculine » depuis une fraction de son existence.

Toujours est-il que depuis, la bière a changé d’image. On apprend dans certains livres d’histoire que les barbares buvaient de la bière et que les peuples civilisés du pourtour méditerranéen buvaient du vin. C’était même une des manières de reconnaître un peuple civilisé d’un peuple « barbare ». Et encore une fois, nous faisons rapidement le raccourci entre barbares et masculinité. Plus tard, les traditions se sont régionalisées. Les Anglais par exemple ont popularisé le porter, la bière noire des dockers anglais depuis le XVIIIème siècle qui pue la testostérone et le travail manuel. Les bières d’abbayes sont restées populaires depuis également, des bières sont devenus renommées après l’approbation de grands hommes d’Etat comme l’Hefeweizen en Allemagne par le Duc de Wittelsbach de Bavière ou le Russian Imperial Stout par le tsar Pierre Le Grand, mais on relate peu voire pas de femmes « importantes » dans l’histoire récente de la bière.

Aujourd’hui, les femmes se refont une place à juste titre sur le devant de la scène même si le brasseur reste dans l’imaginaire collectif un croisement entre un ours et un bobo parisien. Les dénonciations pleuvent dans le milieu, les choses sont en mouvement doucement.

Il n’en reste pas moins qu’il faut encourager ces changements, les associations de militantes se multiplient comme la Pink Boots Society ou Les Buveuses de Bières, mais c’est aussi à nous les hommes d’accueillir ces changements, de les encourager. Il n’y a rien qui justifie la faible présence des femmes dans les milieux de la bière, du vin ou des spiritueux si ce n’est l’égo masculin et une tradition dépassée. Au contraire, elles doivent même retrouver leur légitimité dans ce monde qui les a effacées et qui tend à se renouveler même si cela reste trop limité encore.

Gamme bières aux céréales Armand Heitz

L’image de la Semeuse d’Oscar Roty souligne cette légitimité que les femmes doivent récupérer. Elle est à la fois symbole de la république, du renouveau, de l’espoir et de la fertilité et source d’inspiration depuis plus de 200 ans. La famille d'Armand Heitz a toujours mis en avant cette image inspirante et c’est pourquoi elle est désormais présente sur la gamme céréale de bières du domaine. À contre-pied de ces bières usant de marketing grossier et genré, elle est une maigre contribution pour montrer que les femmes ne sont pas qu’une cible de vente mais aussi des actrices majeures et traditionnelles du secteur de l’alcool qui méritent d’être associées à la qualité.

 

Grégoire Blanc

 

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