Préparer son jardin en automne
Publié par Armand Heitz leBeaucoup de jardiniers se disent qu'une fois le froid et la pluie venus, les plants de légumes estivaux morts et les courges mises à la cave, c'est le moment de se mettre au chaud et d'oublier son jardin potager jusqu'en mars. Oui, c'est vrai, c'est la fin des haricots, mais ce n'est pas une raison pour entrer en hibernation si vite.
Vous pouvez par exemple vous y être pris en avance et avoir tout un tas de cultures à mettre en terre ou à semer :
- Cultures à mettre en terre : choux brocolis, choux fleurs, choux kale, choux pommé rouge/vert, choux de milan, poireaux, salades, oignons, ail blanc
- Cultures à semer en extérieur : radis, épinards, laitues, navets, carottes
- Cultures à semer en intérieur : artichauts, aromatiques divers (coriandre, persil)
Ce ne sont que des exemples car entre les bulbes de fleurs printanières, les arbres et les petits fruitiers à planter, les boutures d'aromatiques à faire, les semis tardifs et les plantations : le jardinage est loin d'être fini lorsque l'automne arrive !
Un conseil : planifier tout ceci très tôt car comme la cigale dans la fable, si vous dansez simplement autour de vos légumes d'été, vous n'aurez rien à manger pour l'automne et l'hiver. À savoir : pour manger des choux en hiver, ils doivent être semés en juin.
« Jardiner est une question d'organisation et surtout d'anticipation. »
Si vous ne vous lancez pas dans tout ce que nous avons cité plus haut, vous pouvez choisir d'hiverner votre jardin pour que celui-ci commence lentement mais sûrement à se préparer pour le printemps. Si vous n'avez aucune idée de ce qu'il faut faire, nous allons tout vous expliquer.
Pour les jardiniers pressés
1- Retirer les cultures qui ne donnent plus
2- Semer des engrais verts : une possibilité à double efficacité
3- Nourrir son sol et le couvrir
4- Au printemps que fait-on de son paillage ?
5- Et à Loaris ça se passe comment ?
1. Retirer les cultures qui ne donnent plus
Vous pouvez commencer par tailler les cultures qui ne donneront plus cette année. On évite d'arracher les racines des plants, on coupe simplement à ras le sol, les racines vont composter et nourrir le sol et vous éviterez ainsi de perturber la vie microbienne du sol.
Attention, certaines plantes sont bisannuelles, c'est à dire qu'elles donneront pendant deux ans. C'est le cas par exemple des bettes à cardes. D'ailleurs si vous souhaitez récupérer des graines de bettes, il faudra bien les laisser en terre pour qu'elles aient le temps d'aller jusqu'à la fin du cycle de floraison.
Tailler vos cultures, oui, mais celles-ci ne deviennent pas pour autant une matière inutile. Armez-vous d'un sécateur et couper vos plants en morceaux que vous laisserez sur la terre, à l'endroit même où vous aviez planté vos légumes (on met les tomates sur l'emplacement des tomates). En se décomposant, pendant l'hiver, les pieds vont rendre au sol une partie des éléments dont ils ont eu besoin pour grandir.
Vous ne voulez pas mettre vos déchets de cultures dans votre potager ?
En effet, si vous en avez de grandes quantités cela peut vite faire beaucoup de volume. Ce n'est pas grave, vous pouvez les couper et les mettre dans votre compost.
Et si vos cultures sont atteintes de maladies (exemple : oïdium sur la courgette) ?
Ne vous inquiétez pas, le froid va tuer toutes les maladies, il n'y a donc aucun problème à laisser des cultures malades à l'emplacement même. D'autant plus que si vous faites une rotation des cultures, l'an prochain, vous ne remettrez pas les courgettes au même endroit.
2. Semer des engrais verts : une possibilité à double efficacité
Les engrais verts sont des plantes qui ont des propriétés de fertilisation du sol. Faire pousser des graines d'engrais vert est une alternative naturelle à l'utilisation de produits chimiques fertilisants/améliorants. Sur internet, vous trouverez des mélanges d'automne tout prêt. Pour avoir un mélange équilibré, il vous faut au minimum une légumineuse (vesce, féverole, sainfoin...), une céréale (avoine, seigle...) et une brassicacée (moutarde). D'autres plantes peuvent être mises en place pour d'autres aspects comme par exemple la phacélie pour ses propriétés mellifères.
Les légumineuses permettent de stocker de l'azote (élément nutritif essentiel pour les plantes), les céréales permettent de structurer le sol et les brassicacées permettent de couvrir le sol et donc d'étouffer les adventices (« mauvaises » herbes).
Lorsque vous choisissez vos graines, vérifiez bien qu'elles sont adaptées à la saison de plantation car il existe aussi des engrais verts printaniers.
Si vous n'avez pas pris un mélange tout prêt, faîtes un mélange à parts égales de graines. Semer à la volée sur votre potager jusqu'à maximum fin novembre. Tant que votre engrais vert est en place, votre sol est protégé par les différentes plantes. N'hésitez pas à semer de nouveau si vous constatez des « trous » dans le couvert végétal. Surveillez bien le cycle des plantes car elles devront être fauchées (et non arrachées) avant la montée en graines. Sans cette précaution, vous risquez d'en avoir pour longtemps dans votre jardin. Une fois fauché, servez-vous de cet engrais vert comme paillage.
3. Nourrir son sol et le couvrir
Les intempéries, le froid, les piétinements dans le jardin sont des facteurs d'appauvrissement d'un sol à nu. Un conseil très important que nous pouvons vous donner est que votre sol doit être couvert en permanence et encore plus en hiver.
Alors que couvrir son sol en été permet entre autres choses de conserver l'humidité et donc d'arroser de façon moins importante, couvrir son sol pour l'hiver est une façon d'enrichir sa terre mais aussi de la protéger du froid. On n'y pense pas assez souvent mais la terre est un organisme vivant et complexe. Si vous sortez tout nu et affamé dehors en plein hiver, vous aurez froid et vous finirez par mourir. La terre a également froid lorsqu'on la laisse nue, elle s'affaiblie et sa fertilité diminue. Quand on observe la nature, on se rend compte que naturellement, la terre n'est jamais à nue.
L'automne et l'hiver sont de très bonnes saisons pour enrichir votre terre car les intempéries vont permettre une décomposition rapide du paillage et de la nourriture que vous allez mettre en place.
Vos plants coupés sont déjà un très bon apport mais à cela vous pouvez ajouter diverses matières.
Nous vous conseillons de choisir ce qui vous est le plus facilement accessible, voici quelques exemples :
- Compost même s'il n'est pas totalement décomposé (les micros-organismes finiront le travail et c'est même mieux pour eux)
- Déchets de légumes/fruits
- Feuilles issues des tailles d'automne et feuilles mortes
- Fumier divers (si vous avez des animaux ou une ferme/centre équestre à proximité)
- ...
Plus il y a différentes matières, mieux c'est. Mais comme nous l'avons dit, faites surtout avec ce que vous avez sous la main. Éviter le bois dur, très long à se décomposer et plus difficilement assimilable par le sol : vous en retrouverez pendant des années.
À Loaris, nous pouvons utiliser les déchets du raisin pour alimenter nos planches de culture, c'est une matière que nous avons facilement à disposition.
Ce n'est pas encore fini, vous avez bien nourri votre terre mais pour faciliter le travail des micro-organismes vivants, il va falloir couvrir votre apport. Pour que la terre se nourrisse au chaud, on lui met une épaisse couverture pour l'hiver. Le paillage, en se décomposant, deviendra lui-même de la nourriture pour votre sol. D'ailleurs, de nombreux jardiniers sautent l'étape précédente et mettent en place un paillage ayant une capacité nutritive et couvrante comme le foin, les feuilles ou encore les engrais verts.
Pour pailler votre sol plusieurs matériaux sont envisageables :
- Le foin : le foin est un mélange de plantes séchées issues de prairies. Il est souvent boudé par les jardiniers mais c'est un paillage très efficace et très bien équilibré en carbone/azote. La diversité des plantes de prairies fait du foin une nourriture très complète pour le sol. On applique une couche entre 20 et 40 cm pour éviter la germination des graines qui ont pu rester lors de la fauche. Il est très isolant de la lumière, en appliquant une épaisse couche on s'assure donc de ne pas se retrouver avec un jardin enherbé.
- La paille : la paille est le reste du plant de céréale lorsque l'épi a été récolté. Très utilisé par les jardiniers, elle est plus pauvre que le foin mais plus riche en matière carbonée, on applique également une couche épaisse entre 10 et 20 cm.
- Le BRF : le Bois Raméal Fragmenté est un matériau constitué de rameaux d'arbres coupés en petits morceaux. On applique une épaisseur de 5 cm. Sachez que le BRF met beaucoup plus de temps à se décomposer, c'est donc un apport à faire pour une restauration du sol et sur une vision à long terme. Avant d'utiliser du BRF, nous vous invitons à regarder cette vidéo très complète de la chaîne « le potager d'Olivier » qui résume ce qu'est le BRF, comment l'utiliser ainsi que les précautions à prendre.
- Les feuilles mortes : si vous en avez une grande quantité à disposition, une vingtaine de centimètres de feuilles mortes peut faire un très bon paillage nutritif.
- Les engrais verts : une fois que vous avez fauché votre engrais, celui-ci est aussi un mélange très nutritif pour votre sol.
Cette liste de types de paillage est non-exhaustive, nous n'avons par exemple pas parlé de la bâche micro-perforée qui est certes moins glamour mais tout aussi efficace pour protéger votre sol et la nourriture que vous avez mis en place.
4. Au printemps, que fait-on de son paillage ?
Au printemps, le paillage se sera en partie décomposé, on l'écarte simplement et on trouve une couche de terre humifère prête à recevoir plantes et graines.
5. Et à Loaris, ça se passe comment ?
Vous imaginez bien que nous allons faire ce que nous avons expliqué précédemment mais avec plus de 80 pieds de tomates, il ne semblait pas envisageable de les laisser sur les planches de cultures. Nous avons coupé nos cultures d'été et mises au compost. Une fois décomposé (courant de l'année prochaine), il nous servira à nourrir nos cultures.
Pour nourrir et couvrir notre terre, nous avons choisi d'appliquer la technique de l'engrais vert puisque nous avons besoin de restructurer notre sol argileux. Prochainement, nous allons donc mettre en place un mélange de moutarde, de féverole, de seigle et d'avoine sur la plupart de nos planches de cultures ; les autres planches étant actuellement paillées (foin et paille) et occupées par les cultures d'automne et d'hiver.
Avant l'apparition des fleurs, nous faucherons l'engrais vert. Il servira de paillage et d’élément nutritif pour notre sol.
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Bon hivernage !
Melina Calcagno
Sources :
- https://jardinage.lemonde.fr/dossier-1510-semer-planter-choux.html
- https://jardinierparesseux.com/tag/legumes-bisannuels/
- https://www.permaculturedesign.fr/cycle-azote-nutriment-fertilite-permaculture/
- https://www.youtube.com/watch?v=TkHZ6LjK5kk
- Tags: nature