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©Photographie :  Madeleine de Sinéty aimait photographier la vie à la ferme et dans les champs

Un citadin à la campagne

Publié par Armand Heitz le

Qu’est-ce qu’un agriculteur pour un citadin ? Qu’est-ce qu’un citadin ? Qu’est-ce qu’un campagnard ? Alors que les médias vantent un retour au local notamment impulsé par les confinements, les changements se sont-ils maintenus et constituent-ils une réelle tendance ? Par ailleurs, les gens se rendent-ils comptent de toute la production autour de chez eux qu’ils ne consomment pas ou presque pas ?

Photographie Madeleine de Sinety

J’ai toujours ou presque vécu à la campagne. Je ramassais mes herbes aromatiques avec ma grand-mère, j’accompagnais mon grand-père à la chasse et j’aidais ma mère au potager. Mes études en ville depuis quelques années m’ont fait réaliser la chance et le patrimoine culturel que j’ai pu développer et m’ont donné une forme de “mal de la ville”.

En effet, partout où j’ai habité avant, j’ai toujours essayé tant bien que mal, avec les moyens qui étaient les miens et ceux de mes parents avant, d’aller aux sources des productions locales. Acheter du lait à l’exploitation voisine, la viande et le fromage à la coopérative ou chez les artisans, et les légumes venaient pour la plupart de mon jardin ou de celui du voisin. Ces habitudes loin d’être surhumaines m’ont permis d’abord de me rendre compte que ce n’était pas si cher déjà, et aussi que selon la localisation, c’était à la portée de tous. Ensuite, cela m’a permis de mettre des visages, des personnes derrière les produits que je consommais.

Je savais que par ma consommation, j’aidais quelqu’un à vivre d’un métier qu’il aime. Car oui, les agriculteurs, les paysans et tous les artisans du circuit court sont des gens bien souvent passionnés par leur métier mais qui ont du mal à en vivre. Ce sont des gens passionnés par des métiers qui nous nourrissent, qui sont primordiaux pour nos économies et pour nos vies.

Photographie : ©Madeleine de Sinety - Au village on tue encore le cochon

Mais admettre cela, se rendre compte des vies qui sont derrière les produits, retracer où va notre argent, cela revient à arrêter de se voiler la face. C’est plus simple de supposer que des agriculteurs français vivent grâce à nos supermarchés.

Les agriculteurs et artisans sont soumis à des normes étouffantes au même titre que beaucoup de secteurs en France. Ces normes induisent d’ailleurs très souvent (toujours) des prix plus élevés que la grande distribution. Pourtant, en consommant intelligemment et localement, je vous assure que le retour sur investissement est important. 

En effet, les agriculteurs français ont des productions souvent limitées et ne peuvent décemment pas vivre grâce aux supermarchés qui préfèrent se fournir dans des productions titanesques armées de labels trop chers et déconnectées de toute logique, des arguments marketing en somme. Consommer chez ces derniers revient à approuver la mort de nos centres-villes, de nos talents, de notre savoir-faire.

Couverture du livre "Revenir à la terre - L'art de vivre des néoruraux"

Enfin, je crois qu’il existe encore en France cette scission entre citadins et campagnards, les clichés sont tenaces et venir à la campagne pour certains semble relever d’une expérience dépaysante peuplée d’autochtones rigolos.

Les campagnes pourtant désormais modernisées offrent de nouvelles opportunités aux artisans locaux. Seuls eux sont capables de se distinguer en associant leur savoir-faire et leur rigueur à des technologies avancées, pour créer des produits authentiques de qualité. La technologie a ainsi simplifié certains processus de production, comme la traite des vaches ou la vente via des distributeurs automatiques. Cela n’altère en rien la qualité de leurs produits qui restent vivants, artisanaux, uniques, au contraire de l’industrie qui uniformise tout ce qu’elle touche. En combinant leur expertise à l'utilisation de technologies modernes, les artisans locaux accentuent donc leur position concurrentielle tout en perpétuant un patrimoine artisanal primordial.

©Photographie :  Madeleine de Sinéty aimait photographier la vie à la ferme et dans les champs

Aujourd’hui, on a bien vu que la poussée de consommation locale des confinements n’était qu’une question pratique. La consommation est repartie à la hausse dans la grande distribution, surtout pour les citadins. Cependant, cela semble avoir impulsé une envie de renouer avec la campagne et le local. D’après une récente étude de l’Observatoire Cetelem, 82% des Français se disent prêts à payer plus cher pour consommer des produits locaux et 60% d'entre eux prévoient de consommer davantage de produits locaux dans les 5 prochaines années. Si l’on combine cela au nouvel exode urbain qui se dessine, peut-être que nous avons un premier pas vers une nouvelle consommation plus rationnelle et locale, en espérant que ce ne soit pas un simple mirage.

Grégoire Blanc

 

Photographies © Madeleine de Sinéty 
Couverture du livre "Revenir à la terre -L'art de vivre des néoruraux" éditions Gestalten 

 

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